Fraîche atterrie du matin de Pâques
je reçus une pivoine
toute rose d'émotion encore
recroquevillée en un timide bouton qui aussitot éclot,
dévoilant une joyeuse ronde de pistils tout gonflés,
derviches coiffés de bonnets rose indien
tournoyant follement dans leur ample et lourde robe moirée
rassemblés au beau milieu d'un éblouissant champs d'été
pas d'épis de blé, non,
mais d'étamines jaune or
Divine Paneurythmie Pascale
De jour en jour la fleur, avec coquetterie change de robe
sa corolle - Oh vanité de pivoine !
toujours plus translucide et diaphane, tu passes du rose au jaune jusqu'à l'ivoire.
Les pistils, pèlerins émus de cette blancheur hivernale
se rangent en cortège solennel
forment une digne procession, absorbée par le silence ivoire,
d'une lenteur concentrée,
qui tombe en prière,
dans une muette adoration
puis
la neige ayant fondu des pétales effeuillées de la pivoine
doucement se sont relevés les pistils intacts
au beau milieu du calice nu
et c'était un printemps de verdure
venu les parer,
en prophètes ils traversent la grande fôret
même de nuit profonde
et quand ils quittent la profonde forêt des plantes adjacentes
Un Soleil chaleureux les éblouit
une douce torpeur les envahit
bien que harassés ils poursuivent leur route
vers la Lumière
quand, où,
au bord de quel univers clos
Au coeur de quelle pivoine céleste
les verrons-nous à nouveau danser?